Procès de la famille Castro : une mère et ses deux fils jugés pour l’assassinat du père de famille aux Assises du Gard

Ce mardi s’ouvre à Nîmes, le procès de Catarina Castro et ses deux fils, Jordan et Michaël Castro, tous les trois poursuivis pour assassinat. Ils sont accusés d’avoir en août 2015, drogué, étranglé et poignardé à 6 reprises, leur époux et père, Badre Fakir. Puis d'avoir brûlé son corps.

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Le 1er septembre 2015 au matin, un garde forestier alerte la police de Nîmes. Il vient de découvrir le corps d’un homme, en partie calciné, sous un pont de chemin de fer situé à côté de l’ancienne route d’Anduze, à quelques kilomètres de Nîmes.

Un corps calciné sous un pont

Après de longues recherches ADN, la victime est identifiée. Il s’agit de Badre Fakir, un homme de 44 ans, commerçant et résidant à Milhaud, près de Nîmes. Il est connu des services de police pour des faits de trafic de drogue. L’autopsie pratiquée sur le corps de la victime oriente très vite les gendarmes sur la piste criminelle.

L’homme a été drogué, étouffé, étranglé puis poignardé à 6 reprises avant d’être brûlé et son cadavre laissé sous un pont. Des actes atroces et d'une rare violence.

Règlement de compte ?

Les enquêteurs s’orientent d’abord sur la piste d’un règlement de compte puis envisagent plus sérieusement la piste familiale. Un mois après la découverte du corps, Catarina Castro, la compagne de Badre est interpellée et placée en garde à vue. C’est au cours de cette garde à vue que l’épouse de la victime, âgée de 43 ans, avoue avoir tué son mari.

Elle reconnaît l’avoir drogué, étranglé, puis poignardé.

Je n’en pouvais plus, il me frappait, il me séquestrait et me maltraitait.

Catarina Castro témoigne dans un entretien accordé à France 3 Occitanie le 2 avril 2021.

Ses 2 fils aînés sont aussi placés en garde à vue et avouent avoir participé au transport du corps. Michaël, le fils aîné reconnait avoir brûlé le cadavre de son père. 

A l’issue de leur garde à vue en octobre 2015, tous trois sont mis en examen et incarcérés pour assassinat.

Des violences intrafamiliales

Au cours de ce procès, la question des violences familiales va être étudiée. Selon les enquêteurs, ce drame prend naissance dans un contexte de violences répétées de la part de Badre Fakir à l’encontre de Catarina et ses deux fils aînés. Selon les témoignages de Catarina, les violences intervenaient surtout lorsque Badre était sous l’emprise d’alcool et de drogues : 

Je comprends très bien que la famille de Badre ne me pardonne pas. Mais s’il y a une chose qu’on ne m’enlèvera jamais c’est que j’ai sauvé ma vie et celle de mes enfants.

Catarina Castro, accusée de l'assassinat de son compagnon.

"C’était des humiliations, des coups, des insultes, des violences sexuelles, tout. Une pression, il me suivait. J’avais l’impression d’être un animal traqué. Je ne vivais plus. C’était pire qu’en prison. Je me sens coupable d’avoir entraîné mes enfants dans ce drame, je sais que tout le monde souffre. Ce que j’ai fait c’est mal, j’en suis consciente et je n’arrive pas à me pardonner.".

Pour l'avocate de Catarina, maître Khadija Aoudia : "ce drame est tristement simple, il est la conséquence de ces femmes qui n’ont jamais poussé la porte d’un commissariat. On parle d’une femme qui a été sous emprise depuis l’âge de 14 ans, elle n’a connu qu’un seul homme, qui a été violent avec elle. Même si du côté des victimes, l’effectivité de ces violences est contestée, l’information judiciaire a établi clairement que Catarina était victime de violences et que le mobile ayant déterminé le passage à l’acte était les violences. Les seuls qui remettent en cause ces violences, ce sont les membres de la famille de Badre et c’est leur droit. Et nous en débattrons devant la cour d’assises."

Un autre témoignage vient s'ajouter à celui de Catarina concernant la violence dont pouvait faire preuve Badre Fakir. Celui de Lila Boutarane, la compagne de Badre lorsqu'il a été tué. Ils vivaient ensemble depuis quatre ans, et s'étaient rencontrés quelques années plus tôt. Badre avait quitté son domicile de Milhaud où il vivait avec Catarina pour s'installer avec Lila. Celle-ci, au cours des interrogatoires parle d'un homme violent qui avait un problème avec l'argent.

Préméditation ou non ?

Au coeur de ce procès, la question de la préméditation va également être étudiée. Selon les enquêteurs, elle ne fait aucun doute dans ce drame. Il intervient alors que la victime était droguée : les trois accusés se sont procurés au préalable de la drogue pour empoisonner la victime mais aussi des bidons d'essence... pour carboniser le corps.

Réclusion criminelle

La famille de la victime attend ce procès avec impatience, pour elle, il s'agira d'éclaircir de nombreuses zones d’ombre.

Le procès débute ce mardi 6 avril 2021. Il devait initialement se tenir en mars 2020 mais avait dû être reporté en raison du premier confinement pour lutter contre l’épidémie de covid-19.
Le verdict est attendu vendredi 9 avril. Les accusés encourent tous les trois la réclusion criminelle à perpétuité.

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